La France est le deuxième pays à consommer le plus de mangas au monde, juste derrière le Japon. Les ventes de mangas dans l’hexagone connaissent d’ailleurs une croissance exponentielle ces dernières années : entre 2020 et 2021, ces ventes ont doublé, et se chiffrent en millions d’exemplaires. Un nouveau genre de mangas créés par des auteurs français est même né, le manfra. Autant d’éléments qui interrogent : comment le manga a-t-il obtenu cette place centrale en France ? Quel héritage laisse-t-il pour ses lecteurs ?

A l’origine de la popularité du manga se trouvent les dessins animés japonais diffusés à la télévision à partir des années 80. Cette nouveauté pour l’époque s’est accompagnée de polémiques autour de la supposée violence accrue représentée dans celle-ci, mais surtout d’une importation des supports papiers de ces dessins animés à partir des années 90, c’est-à-dire les mangas. Par la suite, le manga n’a cessé de développer son influence à partir de cette première génération de spectateurs et de lecteurs. Il s’agit donc au départ d’un phénomène générationnel, comme le souligne le journal Le Monde en octobre 2021. L’édition française a également eu très tôt des liens avec le manga. En effet, Jacques Glénat découvrit les bandes dessinées japonaises au cours d’un voyage à Tokyo en 1989, et fut si fasciné qu’il aida à la diffusion de ces œuvres en France.
A l’heure actuelle, l’essor du manga s’explique également par l’influence des plateformes de streaming. En effet, d’après des observations réalisées, la pandémie a entraîné une hausse de la demande en contenus audiovisuels. Pour répondre à cette hausse, des plateformes comme Netflix ont étendu leur catalogue d’animés, amenant certains spectateurs à se tourner de fil en aiguille vers les mangas d’origine. Avec autant de facteurs ayant consolidé son implantation en France, quelles traces réelles le manga a-t-il laissé dans la culture de notre pays ?

Tout d’abord, les mangas font maintenant partie de l’identité du lecteur. En effet, une véritable communauté de fans et de lecteurs s’est constituée en France. Le terme d’otaku, désignant un individu en marge de la société au Japon, a d’ailleurs été repris par des Français pour former un courant inédit, donnant au passage à ce mot un nouveau sens. Le manga a aussi exercé une influence dans le domaine de la mode, avec des collections Gucci, Loewe ou Vuitton réalisées en collaboration avec des auteurs japonais entre 2015 et 2022. L’influence artistique du manga se retrouve aussi dans d’autres secteurs que l’animation ou la bande dessinée. Enfin, on pense également au manfra mentionné plus haut.
Il reste à savoir désormais si le manga continuera à occuper une place centrale sur les étagères et dans le cœur des Français à l’avenir. Avec l’essor des animés à la suite du confinement, et l’influence des enfants des années 90 devenus grands, on pourrait s’attendre à un second souffle du phénomène générationnel qui a fait le succès du manga en France. A suivre…
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